
Une autre vision du basket et du CSP Limoges
ENTRE LES MURS
24/01/2016 09:02
Lieu sacré s'il en est, dont rien ne devrait filtrer dans un monde idéal, le vestiaire a perdu son caractère confidentiel avec l'émergence des réseaux sociaux et des nouvelles techniques de communication.
Quiconque a pratiqué un sport collectif, même à bas niveau, connaît ces moments si particuliers où parfois on sent que l'histoire (avec un petit ou un grand H, en fonction de l'importance que l'on veut y mettre) s'écrit.
Engueulades homériques, osmose incommensurable, grands costauds qui s'effondrent, gars introvertis qui fendent l'armure et se révèlent à eux-mêmes et aux yeux des autres sont offerts à ces cocons de béton, ces nids confinés au fond d'algéco, ou ces clubs lounge engoncés au fond de palais des sports cossus qui sont au fond tous les mêmes.
Ceux de Beaublanc pourraient nous en raconter de belles, des causeries hyper techniques d'un Buffière aux tensions du groupe de l'an passé, en passant par les crises de rires déconnantes de Don et Mike, la porte cassée par le père Kempton, et bien sûr les plans tactiques de Boja.
Ils nous raconteraient aussi la formidable éclosion de Jean-Marc Dupraz. Je l'ai suffisamment vilipendé l'an passé pour ne pas reconnaître sa formidable éclosion cette année.
Aveuglé que j'étais par la déception que cette équipe nous a infligé tout au long de la dernière saison, avec ses sautes d'humeur et ses innommables trous d'air, je fais mon mea culpa d'avoir si longtemps ignoré qu'il n'était peut-être pas prêt à affronter ces trop forts caractères. Il était sûrement trop inexpérimenté, et malgré toute sa bonne volonté et sa connaissance du club et du Président, il a été débordé. Mais qui ne l'aurait pas été à sa place. Et c'est aussi valable pour son adjoint.
Ils ont appris. Et on ne saura jamais vraiment quelle part a été la leur sur le titre, mais on ne peut pas leur nier cette part. Ce serait trop facile de dire que le coach est responsable des maux et l'équipe seule bénéficiaire de la gloriole.
Alors, oui, comme je n'ai jamais versé dans la dithyrambe facile, arme des thuriféraires patentés (tout comme je n'ai jamais versé dans la critique gratuite, bien que ma mauvaise foi m'ait entraîné à fortement flirté avec la limite), je fais avec d'autant plus de bonne grâce cette autocritique qu'au fond, j'ai toujours soutenu que Jean-Marc Dupraz était le profil idoine dans ce club (de même que Bertrand Parvaud): des gens qui connaissent la boutique et la ville, et sur qui le Président peut compter. L'identité du club se forge plus autour de Fred Forte et de l'entité elle-même qu'autour d'un nom ronflant à la tête de l'équipe amirale. Et personnellement, cela ne me gêne pas. Avoir un top coach, cela induirait un effectif qu'actuellement on ne peut pas sa payer. On a eu l'expérience Giannakis, et elle ne nous a pas laisser autre chose que ce goût amer de l'impression de mercenariat du coaching tout venant cherchant de l'argent à bon compte.
Jean-Marc Dupraz a appris. Il n'a pas pu rester sourd aux invectives sur son compte l'an passé. Il faut en passé par là pour être aimé. Généralement, le proverbe journalistique est: «on lèche, on lâche, on lynche». Il a eu droit de la part de nous autres pauvres supporters à la cécité trop prégnante aux deux derniers alinéa de la sentence sans passer par la première case.
Sa gestion du groupe est facilité par l'homogénéité de celui-ci: les caractères forts, il y en a toujours (Nobel, entre autres), mais ils font corps avec le reste de l'équipe. L'éclosion d'un Moerman international et la grosse montée en puissance de Léo, permet d'avoir les locomotives dont on a trop souvent manqué l'an passé.
De même, dans sa gestion des matchs, il a gagné en maturité (plus d'utilisation hasardeuse des temps-morts, intelligence situationnelle lorsqu'il sent que Beaublanc s'endort). Du moins, en championnat. Pour la coupe d'Europe, attendons un peu. Mais nul doute qu'entre les murs de Beaublanc, d'autres aventures se préparent.
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