Une autre vision du basket et du CSP Limoges
La petite interview de Ken Dancy par Ken Dancy
10/01/2013 23:08

Après tout, quoi de plus naturel que de commencer par celui à qui j'ai emprunté le nom pour sévir sur ce site.
Je l'avais contacté il y a quelques temps pour lui expliqué que j'avais choisi son nom comme pseudo sur ce site et que j'aimerai faire une petite interview sans prétention.
Ken m'avais répondu qu'il était d'accord, et m'avait donné son numéro de portable et son adresse Skype pour faire cette petite discussion.
Le réveillon étant passé, nous avons convenu d'une rencontre par Skype.

Et me voilà tout intimidé devant une de mes idoles d'enfance pour ce qui, grâce à Liensun et Patgauche qui sont venus me proposer cette pige durant mes temps libres, est devenu une demi-heure sympa de discussion à baton rompu. Merci à eux pour cette initiative et m'avoir poussé à fendre l'armure de timidité qui me caractérise, et merci à Ken (le vrai) pour sa gentillesse et sa disponibilité (et son franc parler).
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Ken est un Américain naturalisé, ayant joué à Limoges de 1988 à 1991 (il a tourné entre 10 et 13 points de moyenne), venant du Stade Français, puis de Tours où il fut meilleur marqueur français du championnat à presque 21 points de moyenne. Ailier, joueur de devoir et équipier fidèle, il a joué avec entre autres avec Don Collins, Michael Brooks, Richard Dacoury, Valery Demory, Pascal Jullien, sous les ordres de Michel Gomez. Il a ainsi remporté deux titres de champion (88/89 et 89/90, échouant face aux maudits Béarnais en 90/91) et le Tournoi des As 89/90.
A mes yeux, il représente la classe et l'élégance sur un terrain. Mais, c'est un avis très peu objectif.
Pour une lisibilité plus grande, je m'appellerai K.D. et Ken sera Ken.
K.D.:- Bonsoir Ken, et tout d'abord meilleurs voeux (NB:interview en date de début janvier). Comme je te l'ai expliqué, j'écris des petits articles pour un site internet dédié au CSP et j'ai choisi ton nom comme pseudo, car tu es un joueur que j'ai toujours apprécié. J'ai commencé à vraiment suivre le basket lors de la période où tu jouais, et j'ai toujours trouvé que tu étais un joueur élégant.
Ken:- Merci, ça me fait très plaisir.

K.D.:-Peux-tu m'expliquer comment tu es arrivé à Limoges?
Ken:-Je jouais au Stade Français. J'avais Rose comme agent (N.B.: Didier Rose, ex joueur du CSP, ayant été agent de pas mal de joueurs), et déjà en 1986 il m'a proposé Limoges. Je suis allé à Tours, où j'ai fini meilleur marqueur de Pro A, puis j'ai finalement rejoins Limoges.
K.D.:-C'est le palmarès ou le challenge sportif qui t'ont attiré?
Ken:-Bonne question. Un peu des deux.
K.D.:-As-tu gardé des contacts avec des coéquipiers de cette époque?
Ken:-Oui, je suis souvent en contact avec Michael (Brooks), Don (Collins, le "Cobra"), Valery (Demory) qui manage une équipe de filles vers chez moi et Pascal (Jullien, mister 3 points).
K.D.:-Et l'ambiance de Beaublanc?
Ken:-Elle était bonne à l'époque, mais il y en avait d'autres qui n'étaient pas mauvaises:Cholet, Orthez (je dis bien Orthez, pas Pau) à la Moutète, et surtout Saint Quentin, un des plus beaux publics.
K.D.:-Pour Saint Quentin, je te rejoins à 100%, c'est les meilleurs supporters que j'ai vus à Beaublanc, tant au niveau état d'esprit qu'ambiance.

K.D.:-Par la suite, tu pars à Montpellier. Challenge sportif différent.
Ken:-C'est clair. Mais tous les clubs n'avaient pas le budget de Limoges ou Orthez. L'ambiance dans l'équipe était bonne. Mais je venais d'un club où n'importe lequel des 10 joueurs de l'effectif avait sa place dans le cinq majeur des autres équipes.
K.D.:-Quand as-tu fini ta carrière pro?
Ken:-J'ai terminé avec Maurienne en 1998. J'ai joué mon dernier match face à Nantes.
K.D.:-Et maintenant? Joues-tu encore pour le plaisir?
Ken:-Non, je suis directeur sportif d'un petit club à côté de Montpellier (N.B.: Pérols). De temps en temps je me dis que je jouerais bien, mais non.
K.D.:-Tu as croisé des coachs intéressants dans ta carrière. T'inspires-tu d'eux, et quelle est la plus grosse différence entre être coach et être joueur?
Ken:-J'essaye de prendre les bonnes choses que j'ai pu apprendre des coachs, mais ne pas oublier les mauvaises. Surtout sur le côté psychologique de la gestion des joueurs. Quand t'es joueur, tu n'as à t'occuper que de toi. Quand tu coaches, tu es responsable de l'équipe, du groupe.
K.D.:-Est-ce-que tu suis les résultats de la Pro A, et en particulier ceux de Limoges?
Ken:-De temps en temps. Mais là, je ne sais pas quel est leur dernier résultat.
K.D.:-On a perdu à Villeurbanne.
Ken:-Mouais, ils sont donc dans le milieu du tableau.
K.D.:-Je trouve, et j'ai l'ai écrit à plusieurs reprises, que le niveau de cette Pro A n'est pas génial.Le leader a déjà quatre défaites au compteur .Qu'en penses-tu?
Ken:-J'ai vu quelques matchs, et c'est vrai que le spectacle n'est pas souvent au rendez-vous. Je n'ai pas envie de payer des places pour voir des matchs à 60 points.
K.D.:-La défense est devenue le moteur de chaque équipe (et Limoges a gagné des titres grâce à ça), ce qui explique peut-être ce problème non?
Ken:-Oui, on peut gagner des titres avec une bonne défense, mais il faut savoir aussi gagner des un contre un. Et ça, il y a trop peu de joueurs qui y arrivent à l'heure actuelle.En plus les systèmes de jeu sont très stéréotypés. On laisse peu de place au feeling.
K.D.:-Le nivellement par le bas de cette ligue est-il dû à des problèmes économiques?
Ken:-Peut-être, mais pas seulement. Il y a un problème avec les joueurs. Il y a trop peu de "middle players", capables de faire plusieurs choses à la fois. De nombreux anciens joueurs sont à la tête de clubs (Gadoue, Forte), mais ils font des erreurs.Ils connaissent l'histoire du basket francais et il n'ont pas le droit de se tromper sur le recrutement. Mais c'est la responsabilité du staff et surtout des joueurs qui doivent mouiller le maillot et se mettre en valeur.Quand ton recrutement n'est pas bon au début du championnat, ta saison est presque foutue.
K.D.:-Le niveau des Américains est passable, non?
Ken:-Ils sont moyens, et leurs stats ne leur auraient pas permis de rester dans les équipes il y a 20 ans. Le basket est devenu plus physique, et il y a des gars très costauds. Mais des Américains qui tournent à 15 points de moyenne, c'est pas normal. Ils n'auraient pas fait deux matchs avec des résultats pareils. On se retrouve avec des joueurs qui ont une spécialité (le 3 points, la défense) mais qui sont incapables de faire autre chose. Il est rare qu'un joueur se crée des occasions lui-même, il dépend trop du système mis en place. Et les meilleurs joueurs français ne sont pas là, ils sont partis à l'étranger.





K.D.:-Pour finir, tu as des crédits illimités, quel est ton 5 majeur de rêve pour tout gagner?
Ken:-Will Chamberlain et Bill Russel en intérieur. Avec eux, rien ne rentre dans la raquette. Bird en ailier, et Jordan et Magic. Là, c'est du costaud.
K.D.:-Merci Ken, et à bientôt.
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