
Une autre vision du basket et du CSP Limoges
L'EMPREINTE DES GEANTS
24/01/2016 08:43Exceptionnellement, je ne me laisserai aller à aucune aigreur ni vindicte. Ne comptez pas sur moi non plus pour verser dans la dithyrambe facile. D'ailleurs, je ne vous parlerai même pas, ô sacrilège, du match passé (à l'heure où j'écris, il n'est même pas joué) ni du match à venir.
Non. Rien de tout ça. Rien, car depuis deux jours, mon coeur d'amoureux du CSP d'antan ( qui a dit de vieux con?) est triste.
Non pas que le basket tel que je l'aime dans mon coeur d'irréductible romantique ait un pied dans la tombe (quoique, au vu des desiderata du saint patron de l'Euroligue (cf ma causerie précédente), mais parce qu'un immense Monsieur du basket vient de tirer sa révérence. Tellement immense, tellement incarnation du basket, qu'il en avait gagné son surnom: Monsieur Basket. On ne connaît de lui que la partie immergée de l'iceberg
André Buffière a débarqué à Limoges alors que le club n'était quasiment rien. De son côté, il avait déjà un palmarès (5 titres de champion en tant que coach, 6 en tant que joueur (il avait eu double casquette sur certains d'entre eux). Comme si Laporte laissait tomber Toulon pour aller à Brive.
Sur son nom, il a permis au jeune CSP de recruter Jean-Michel Sénégal, et attirer Ed Murphy.
L'histoire du club était en marche: premier titre et deux Korac. Impensables à l'époque.
Une philosophie de jeu basée sur un engagement défensif total, allié à une technique sans faille. Et surtout, un jeu axé autour d'une gâchette infaillible (du Boja avant l'heure), où un meneur stratège (avec de l'expérience) donnait le tempo, en véritable Karajan de la balle orange.
J'ai bien conscience que le basket a évolué, et que ce basket n'aurait peut-être aucune chance de survivre dans des systèmes de jeu faisant la part belle aux déménageurs de l'intérieur. Malgré tout, Monsieur Buffière a toujours eu un peu d'avance dans bien des domaines.
J'avais eu la chance de pouvoir parler basket dix minutes alors que je m'essayais à l'arbitrage. Il avait un oeil avisé mais pas méchant sur le basket en général ,et sur l'équipe du CSP d'alors, drivé par Michel Gomez.
A l'heure où l'on retire des maillots de joueurs pour les porter aux cintres des palais des sports (encore, en basket, ils se concentrent sur de joueurs ayant une vraie identité, alors qu'au foot....), il serait bien que le dernier voyage de ce formidable bâtisseur soit salué dignement et soit à la hauteur de l'empreinte de géant qu'il aura déposé sur ce club, ne serait-ce que pour permettre aux fans du CSP de la dernière heure de découvrir tout ce que cet immense Monsieur a apporté au basket.
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