Une autre vision du basket et du CSP Limoges


Lettre ouverte à Vincent C.

24/01/2016 09:32
Lettre ouverte à Vincent C.

 

Cher Vincent,

si je me permets de te tutoyer (chose que je m'autorise car, primo c'est ma chronique, et secundo on fait partie de la même famille du basket, moi à un très humble niveau je le concède) en espérant que tu ne t'en offusques pas c'est parce que je suis un peu chafouin.

Je ne parle pas de déception, car je ne t'admire pas assez pour être déçu. Je pense que tu es un très bon entraîneur, ton palmarès est assez éloquent pour ça (deux titres de champion avec Le Mans et l'ASVEL, semaine des As et Coupe de France, Champion d'Europe avec la sélection).

Ton parcours de self-made-man du basket français est quelque chose qui force le respect dans ces temps où la notion travail est souvent dévoyée. Oui, tout ça, je le reconnais d'autant plus volontiers qu'en plus je pense sincèrement que tu es quelqu'un d'intelligent, car pour réussir à mener tout ça de front, il faut sinon du pragmatisme, en tout cas, une certaine dose de facultés intellectuelles.

Si doute ou interrogation il doit y avoir, cela concerne ton attitude en particulier et celle du club dont tu tiens les rênes en général.

J'avoue qu'entendre parler de nécessité de protection policière pour jouer le match 4 à Limoges m'indispose. Je ne cautionne pas les débordements qu'il peut y avoir de-ci de-là chez certains des supporters (si tant est que ce vocable angliciste signifiant les soutiens  puisse réellement s'appliquer aux excités de fin de match), et j'ai eu moi-même maille à partir avec certains car je n'avais pas hésité à les morigéner et les traiter de cons au cours d'une de mes élucubrations syntaxiques.

Mais même aux heures les plus dures ou les plus glorieuses du club, et lors des matchs les plus tendus avec certains de nos ennemis préférés, personne n'a jamais été agressé. Sauf un arbitre sur qui on avait craché, et le coupable a été sanctionné.

Ton expérience est suffisamment grande pour savoir que certains antres européens sont bien plus dangereux que la vieille enceinte de Beaublanc. Je n'ose penser (comme je l'ai dit ironiquement dans une phrase lors de discussions à brûle pourpoint sur ces grands forums modernes où tout et son contraire se dit que sont les réseaux sociaux) que lors de déplacement à Belgrade ou Athènes tu n'iras pas jusqu'à quémander auprès de Ban Ki-Moon l'appui des casques bleus , ou de la Finul (ce qui serait une aberration vu qu'il y a peu de chance que tu ailles jouer en bordure de la frontière israelo-libanaise, mais bon, sait-on jamais). Tu m'excuseras ce trait d'humour facile mais de bon aloi au vu du ridicule de la situation.

De plus, que tu refuses de serrer la main de Fred Forte, même si sur le fond, je peux le comprendre, est une erreur. Notre Président (dont je n'ai jamais cessé de vilipender sa trop haute propension à user du tweet plutôt que de faire son taf) est un as de la com. Et du coup,tu te trompes. Il n'a pas tweeté sur votre basket de rue, mais a utilisé cette métaphore à la radio, donc de manière développée, et non synthétique comme l'aurait obligé à faire le réseau social. Il a bel et bien signifié là que tu avais su adapté ton équipe aux contingences nécessaires du match deux, à savoir arrêter le basket léché et parfois inefficace pour le muter en un basket plus guerrier nécessaire à ces joutes que sont les phases finales. Si tu t'es offusqué pour si peu, car derrière toute critique sommeille un compliment (et vice versa), je pense sincèrement que tu as perdu la finale à ce moment-là, car au contraire de vexer, ces piques doivent alimenter le défi. Seillant, à Pau, l'avait compris. Et Fred Forte en est l'héritier. Lors de nos joutes Limousino-Béarnaises, il est arrivé souvent que l'équipe la plus forte cède sous la transcendance adverse débridée par les petites phrases. Et c'est ce qui est arrivé ce dernier mois.

Sincèrement, je pense que Strasbourg a une meilleure équipe au global que Limoges, mais supporte moins la pression. Et les play-offs se jouent essentiellement dans la tête. Tu as perdu l'épreuve de la com face à Fred, et ton équipe s'en est retrouvée fragilisée. Ton Président n'a pas été d'un grand secours sur ce coup-là.

Tu as également perdu la bataille tactique. Freddy Huffnagel m'a dit que les play-offs ne nécessitent pas d'expliquer aux mecs ce qu'ils ont à faire, ils le savent déjà. Il faut juste trouver les mots justes pour le mobiliser. Et là, force est de constater que tu t'es planté. Là où tu en es encore à parler plan de jeu avec tes gars avant le match 4, le coach Hervé leur dit simplement qu'il fallait tout donner, et que s'il y en a qui devaient avoir peur et baisser les yeux, c'étaient les mecs en rouge dans le vestiaire en face. Il a peut-être gagné une partie du match 4 là-dessus. Oui, Limoges a accompli un vrai chef d'œuvre sur les deux dernières manches. Et tes gars ont pu voir clairement que ce qu'ils pensaient être une fournaise alsacienne au Rhénus n'était qu'une aimable bouilloire de grand-mère.

Ton équipe est en fin de cycle. Et tu vas devoir rebatir, si tant est que tu repartes avec Strasbourg. Nous aussi, on va rpartir avec de nouvelles têtes. En même temps, ça ne nous a pas trop mal réussi  ce dernier temps....

Néanmoins, s'il y a une chose dont ton statut double casquette te permet de bénéficier, c'est d'une certaine bienveillance arbitrale. Mais c'est le jeu me diras-tu. Certes ce statut un peu anachronique à l'heure d'un sport de très haut niveau avec de tels enjeux financiers n'est pas de ton fait. Mais il est le signe que notre sport n'a pas fini sa mue.

Vincent, je vais te laisser, et j'espère tu ne m'en voudras de me réjouir de ton troisième échec consécutif en finale.

Mais je ne t'en voudrais pas si tu ramènes un truc fin septembre.

Au revoir Vincent, et bon courage pour la suite.  

 

PS: Rien à voir avec ce qui précède, mais je souhaite un prompt rétablissement à Ludo Deroin et ses trois potes de Canal qui sont tombés sur des connards en sortie de boîte à Limoges (rien à voir avec le CSP).

 

Ken Dancy

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