Une autre vision du basket et du CSP Limoges


JE SUIS UNE LEGENDE

18/02/2014 17:06

 

Nul doute que le guichet fermé de Beaublanc mardi soir est du en partie à la mythologie. Et qui dit mythologie, dit forcément part de l'histoire idéalisée.

Je vais jouer les vieux cons, mais, oui, c'était mieux avant. Depuis combien de temps n'a-t-on pas vu un duel digne de ce nom entre les deux meilleurs ennemis ?

 

 

CAUSERIE D'AVANT MATCH

CSP LIMOGES - PAU LACQ ORTHEZ

par Ken Dancy

 

Je suis une légende

 

Gravées dans l'inconscient du peuple limougeaud (et je pense aussi dans celui des Béarnais), ces rencontres sont celles dont on regarde la date en premier lorsque paraît le calendrier (avant que la ligue par arrangement pécuniaire avec un diffuseur privé ne décide de décaler les matchs...). Souvent assimilé ( à tort) au classico (la dimension politique de vrai classico Real-Barça est totalement absente de cet affrontement), je le rapprocherai plus du PSG-Marseille (même si il n'y a une mythologie dûe seulement à l'affolement médiatique que ces rencontres de pousse-citrouille provoque), mais encore, et c'est juste personnel, donc subjectif, des France-Angleterre de rugby.

Pour moi, ces duels me ramènent à l'esprit les samedis après-midis sur Antenne2, les shorts courts, les vraies bagarres sur le terrain. Bref, me ramènent mon enfance.

 

On ne peut pas se passer l'un de l'autre, mais malgré tout, les malheurs qu'ont rencontrés les deux clubs ont bien sûr réjoui chaque camp adverse.

Pour moi, tout d'abord, ce sera avant tout Orthez, plus que Pau. A notre différence, le club Béarnais a du s'expatrier dans la capitale régionale. Mais du coup, même si il y a trouvé des structures, il y a, à mes yeux, un peu peru de son âme. Loin d'être folklorique, un déplacement à la Moutette, c'était un vrai rendez-vous.

Pourquoi la légende retient-elle plus les joutes face aux Béarnais, alors que d'autres clubs ont joué des coudes ( Cholet, Antibes et d'autres)? 

Mettons en perspective les deux palmarès, et on aura alors un petit début de réponse:

Limoges: 9 championnats Pro A, 2 championnats Pro B, 6 coupes de France, 2 tournois des As, 1 match des Champions, 1 Euroligue, 1 coupe des Coupes,3 coupes Korac.

Pau-Orthez: 9 championnats Pro A, 2 championnats Pro B, 3 coupes de France, 3 tournoi des As, 1 semaine des As, 1 match des Champions, 1 coupe Korac. Et 30 participations consécutives en coupe d'europe.

Les sudistes sont aussi notre jumeau quasi parfait sur les décennies 80 et 90: un président emblématique (Popelier/Seillant), des joueurs étendards auxquels on identifie le club (Dacoury-Appolo/Gadoue brothers-Freddy Huffnagel), des anciens joueurs revenus au commande de leur club (Fred Forte/Didier Gadoue), les meilleurs internationaux qui sortent des clubs ( liste non exhaustive: Dacoury-Sénégal-Faye-Deganis-Monclar-Beugnot-Vérove (père et fils)-Forte-Bonato-Weis-Demory-Bilba/Gadoue brothers-Huffnagel-Demory- Foirest- Risacher-Diaw-Pietrus-Rigaudeau-Dubos). A part Nobel et Petro, la liste est réduite à Pau de chagrin.

 

 

On trouve des différences dans la formation où Pau à sorti une génération inouïe, alors que Limoges, même avec des bons joueurs, n'a pu sortir qu'épisodiquement des têtes d'affiche (Vérove, Weis).

A notre avantage, on peut trouver le recrutement des étrangers (qui peut se vanter de faire mieux que Collins-Brooks-Zdovc-Young-Billy Knight-Kiffin-Kempton-Marcus Brown?).

Preuve qu'on ne peut se passer l'un de l'autre, la liste des joueurs et entraîneurs ayant fait le voyage du Limousin en Béarn, ou l'inverse: Evtimov, Demory, Ruppert, Dubos, Marcus Brown, Lukovsky (Yohan Petro perpétue cette tradition) pour les joueurs, Monclar, Gomez, Sarre, Cousin, Dobbels chez les coachs.

Me reviennent aussi en mémoire des vrais duels d'homme, où jouer des coudes n'était pas un vain mot. Les joutes verbales entre Popelier et Seillant n'avait rien à envier à Mourinho, Gadoue et Dacoury s'envoyait régulièrement des coups en loucedé sur le terrain. Le paroxysme fut atteitn avec les duels des cogneurs Clarence Kea et Paul Henderson. Maintenant, on refait jouer dix secondes d'un match, alors qu'on a vu des bastons à coup de chaise qui n'ont jamais empêcher les matchs d'aller à leur fin.

Tout ça n'aurait pas exister sans des tacticiens hors pairs aux commandes: Gomez-Boja-Buffière à Limoges, Gomez-Fisher à Orthez.

Fisher, je voudrais m'y arrêter. Ce gars-là, au look impeccable, fut la seule personne du camp adverse pour laquelle j'eus une vraie estime dans mes jeunes années (avec le père Freddy). Il avait la classe, et avait su hisser le club à un niveau énorma alors qu'il était tout juste moyen. Un vrai mentor.

 

 

Si je devais faire faire une rencontre entre ces deux montagnes, je mettrais Gomez aux commandes à Limoges (mon côté d'indéfectible romantique qui me fait préférer le basket total du Français à l'hermétique mise en place du sorcier Boja). Zdovc à la mène, Collins en ailier, Dacoury en homme à tout faire, et Brooks-Ostrowsky pour cadenasser le tout. Sénégal serait dans les parages, au cas où.

A Pau, Fisher pourrait cornaquer Huffnagel, en duo avec Rigaudeau. Je mettrais le cadet des Gadoue (Thierry) à défendre sur Collins, et allourdirais la raquette avec Mathieu Bisseni et Mike Jones. Et l'ombre d'Howard Carter planerait sur eux.

Oui, ça aurait de la gueule.

 

 

La légende s'écrit dans la continuité. Pour qu'elle perdure, il faudrait que les deux jouent le titre. En attendant, Beaublanc va rugir, comme aux plus beaux jours.

—————

Précédent